Ascension du Mont Blanc sur une prothèse tibiale et des béquilles

Pareil à un nuage, il flotte entre la Terre et la Lune. Il est un rêve.

Depuis longtemps, son nom résonne à mes oreilles. A force de l'entendre et de le prononcer, je m'en suis imprégné ; à force de le voir, je m'y suis attaché. Le mont Blanc dessine mon horizon, là-bas, tout au fond, au-delà du raisonnable. Au plus haut que porte le regard, son sommet se détache dans ma ligne de mire et attire comme un aimant chacun de mes pas clopinants.
Le rêve est en moi.

Bien sûr, c'est un défi de monter là haut sans les jambes, mais c'est quelque chose que je désire comme un enfant fait un caprice. Je le vois et j'en ai envie ! Pour un peu, je taperais des pieds!

Les pieds, et le genou droit, je les ai perdus dans un accident de train. Tout le monde m'a dit qu'il était impossible de re-faire de la haute montagne sans appuis valides. Mais peu à peu, après des années de randonnées sur une prothèse et des béquilles, le projet du mont Blanc me semble de moins en moins irréaliste... peut-être suis-je le seul à y croire mais je vais mettre de mon coté toutes les chances possibles.
Entrainement, acclimatation, équipement, encadrement, etc. je n'ai rien négligé pour que le rêve devienne réalité...