Record du Monde
Réalisé le 26 juin 2010

141438 mètres à la rame sur un ergomètre

  • Discipline : Sport mécanique > Rameur
  • Handicap : Amputé Tibial
  • Réalisé par : Franck Festor
  • Nationalité : Francais
  • Lieu : Puttelange aux Lacs
141438 mètres à la rame sur un ergomètre et un nouveau né dans le monde des records du monde en catégorie Handisport. Mètre par mètre, heure par heure pendant 24h, je vais ramer pour réaliser une première mondiale. Je ne vais dormir que 3/4 d'heure et faire plusieurs pauses pour manger et me requinquer. Il fait chaud et la chaleur est écrasante malgré que je sois protégé par une tonnelle. Dès les premières minutes, je transpire énormément et je décide de me ravitailler en eau tous les 5km, soit presque toutes les demi-heures. Après 10km de rame, je stoppe et je prends le temps de marcher, boire une bière et manger une banane. Toutes les 2h, je mange une assiette de pâtes sauf après 100km : je n’arrive plus à manger si ce n’est des bananes. Je me suis lancé encore un sacré défi. Sans aucune base pour savoir où je vais et sans avoir la moindre préparation pour ce type d’effort. Après 50km, je décide de stopper 2h30. La chaleur est insupportable et j’ai le soleil en pleine face… Le doute commence à s’installer, mais je pense déjà à la nuit tombée et à la fraîcheur qu'elle ne manquera pas d'apporter. A 22h30, je décide de reprendre, mais je suis dans le noir, sans lumière. Difficile de voir l’écran PM3 de mon ergomètre Concept 2 et de connaître ma cadence et la distance que je parcours. Après une demi-heure, j’ai enfin de la lumière et je peux donc repartir. Je suis obligé de réduire ma vitesse et je me cale à 2mn45 au 500m. Les avant bras me font souffrir et le dos commence à me faire comprendre que le manque d’entrainement va se payer cher ! Pourtant en moins de 12h, je fais 75km et je passerai la barre des 100km en 13h17mn. Mais les douleurs sont de plus en plus conséquentes et lorsque je redémarre après une pose, je suis contraint de ramer à 3mn au 500m. C’est dur pour le moral, mais je sais qu’il faut tenir. Malgré tout, je continue et il m’arrive souvent de stopper pour boire. A 8h du matin, on m’annonce l’arrivée d’un kiné. Enfin se faire masser pour mieux repartir. Les avant bras et le dos sont durs comme du béton. J’ai une douleur intercostale. Après le massage, je me sens mieux pour le dos mais la douleur abdominale et celle des avant bras ne me lâcheront pas. J’ai des ampoules aux mains et je ne m’en suis même pas aperçu. Sur le conseil d’un ami, je m’allonge pour une courte sieste. Au réveil, c’est dur de remettre le pied à l’étrier, mais je sais qu’après les 100 bornes, ce sera du bonus… 100km, c’est une barre symbolique qui n’est pas donnée à tout le monde et je le sais. Je suis déjà heureux d’en avoir fait autant. Je savais que ce serait difficile mais c’est ce que j’aime. Certes, je ne suis pas affuté mais j’ai le mental et dans ce type d’épreuve, c’est ce qui fait la différence. Pendant ces 24h, je suis énormément encouragé et plus les heures avancent plus je sens les gens. Pendant ces 24h, normalement, on court et tous les autres concurrents sont en baskets. J’avais proposé à l’organisateur de venir pour soutenir ( www.pour-quentin.com) association Quentin. Sorti d’une blessure et avec mon surpoids, je ne me voyais pas courir, c’est pour cela que j’ai proposé ce défi. Et puis courir ou ramer pour les autres, pour ceux qui n’ont pas la chance de le faire, est sans nul doute l’une des plus belles choses que peut faire un sportif. A chaque fois que je tire sur la poignée du rameur, j’avance encore et encore. Je m’étais fixé la barre des 150km mais je sais maintenant que le pari était énorme. Il ne reste plus qu’une heure. Je suis vidé mais il faut reprendre. Je sais que je ne vais pas atteindre mon objectif, mais que je vais faire cependant une belle performance et surtout être le premier rameur Handi à me lancer un tel challenge. Les derniers kilomètres sont faits kilomètre par kilomètre. Je sens en moi monter la rage et j’arrive à faire le vide autour de moi. Je suis seul face à moi-même. La cadence augmente, les coups deviennent plus précis. Encore et encore, je tire fort et pousse nerveusement sur mes jambes. Je termine mes derniers mètres à 1mn45 au 500m de moyenne. Il reste encore quelques minutes alors je termine tranquillement. « Peu m’importe la performance, c’est l’envie qui génère la passion et la passion qui nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes».

Le record en images