Le Belfortain Martial Wirz fêtera ses dix ans de course avec le marathon le plus prestigieux, celui de New York.
"l'est républicain, cécitroc"
En septembre, Martial, à droite, a couru le semi-marathon du Lion. Photo Lionel VADAM
Mercredi prochain, Martial Wirz s’envolera pour New York. Six heures et demie de vol, quelques jours pour récupérer du voyage et du décalage horaire. Et
dimanche 1er novembre, il sera sur la ligne de départ du marathon de «Big apple».
«New York sera mon dixième marathon. C’est une folie de mes guides ! Ils m’ont dit qu’il fallait marquer le coup, courir un marathon symbolique.»
Participer au plus prestigieux des marathons n’est pas banal. Courir quand on est pratiquement plongé dans le noir encore moins. Depuis plusieurs années,
une rétinite pigmentaire ronge le champ de vision de Martial. «J’ai connu une période où je me suis dit : ‘Je suis handicapé, je ne peux plus rien faire.’
Mais j’ai eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires, qui m’ont toujours encouragé.» C’est comme ça qu’il s’est mis au sport. «J’ai commencé par
le judo. J’ai été deux fois médaillé de bronze handisport.» Puis, il a abandonné la ceinture noire pour la paire de running. Un sport qu’il pratique à
fond, à son tour. Là encore, il décroche deux médailles de bronze aux 10 km sur route. «J’avais besoin de me montrer et de montrer aux autres que je pouvais
le faire. Sans la maladie, je serais sans doute aujourd’hui dans mon canapé avec une bière.»
«J’ai du mal à trouver des guides. Je ne peux pas être autonome, la logistique est compliquée, mais on y arrive.» Martial part aux Etats-Unis avec deux
guides, Jean-Claude Zaugg, avec qui il court depuis quatre ans et Julien Blaut, un collègue de travail, qui l’accompagne depuis 2006.
Sport individuel pratiqué en équipe
«L’athlétisme est un sport individuel, mais je le pratique en collectif. Nous sommes obligés de nous soutenir l’un l’autre, de nous motiver. On commence
la course à deux, on la finit à deux.» Le coureur fait toute confiance à celui qui remplace ses yeux. «Mes guides me disent qu’ils courent pour moi, pas
pour eux. Ils doivent se mettre à mon niveau, me prévenir du danger.» Signaler un virage, une montée ou une plaque d’égoût sur la chaussée, qui peut devenir
un véritable piège. «Chaque guide est différent, parle plus ou moins, fait plus ou moins de gestes avec le bras. Je m’adapte à chacun et dans les longues
distances, lorsque le lien est détendu et que je me lâche, j’ai l’impression de courir seul.»
Le Belfortain se prépare pour New York depuis fin juillet. A raison de quatre entraînements par semaine. «Je ne pense pas faire un score, d’autant que
mes deux guides sont blessés. A Paris, en avril, c’était différent. J’ai terminé les 42 km en 3 h 16 et j’étais bien à l’arrivée.»
Martial a couru trois fois Paris, deux fois La Rochelle et une fois Clermont-Ferrand. «Ces marathons sont reconnus par la fédération handisport, ce qui
facilite l’accueil. Là, ce sera ma première course à l’étranger.»
«Normalement, le départ du handisport se fait une heure avant les autres, contre dix minutes seulement à Paris. Ca devrait me laisser largement le temps
de courir tranquille.»
L’an prochain, Martial Wirz a déjà prévu de s’inscrire une nouvelle fois à Paris. «J’aimerais aussi aller me faire mal au marathon de Berlin.» Entre se
faire plaisir et souffrir, la limite est infine.
Parmi ses projets d’avenir, il aimerait tenter le triathlon de Belfort. «Pour le vélo, en tandem, ça devrait aller, mais la natation me fait peur. Me retrouver
seul avec 400 nageurs autour de moi, ça me panique.»
En attendant son rendez-vous avec la Grosse Pomme, Martial Wirz donne rendez-vous à tous ceux qui le soutiennent ce dimanche à 9 h 30 pour un dernier entraînement
à l’étang des Forges.
Vous pouvez suivre Martial sur Facebook : «Des yeux pour un coureur».
Isabelle PETITLAURENT
l'est républicain
http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2015/10/21/un-belfortain-aveugle-va-courir-le-marathon-de-new-york