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COMPTE-RENDU CRITERIUM NATIONAL CHANTILLY

Catégories : Sport, Coup de coeur
COMPTE-RENDU CRITERIUM NATIONAL CHANTILLY

CHAMPIONNAT DE FRANCE CATEGORIE VISUELLE
EPEE NON VOYANT


Avant tout, il faut savoir que dans notre discipline tout escrimeur doit tirer avec un bandeau sur les yeux afin de mettre tout le monde sur un même pied d’égalité.
Cette année, le championnat de France s’est tenu à Chantilly, le samedi 16 octobre. Dix escrimeurs, non ou mal voyant y ont pris part.
En ce qui me concerne, je remettais le titre en jeu. En effet, lors de l’édition précédente, j’avais été sacré champion de France en battant mon camarade et ami de club Christophe Bouland. Pour cette édition, l’objectif fixé par notre maître d’arme Gaël Fischer était encore de faire 1er et 2ème. A nous de voir pour l’ordre…
En ce qui me concerne, ce ne fut pas une journée facile. Dès mon second assaut, je cassai ma lame alors qu’elle était neuve. L’assaut suivant je perdis 0/5, une bonne raclée ! A la fin de ma poule je totalisais 3 victoires et 2 défaites. Alors que de son côté, mon camarade Christophe avait tout gagné. Logiquement, Christophe termina 1er des phases de poule alors que moi je me trouvais en milieu de tableau, comme souvent.
Il avait donc rempli sa part du contrat, alors que moi non. Par conséquent, j’étais quasiment persuadé de me retrouver contre lui soit en quart soit en demi-finale. Ou si ce n’était contre lui, ce pouvait être alors contre Thierry Collart, le concurrent qui m’avait sévèrement battu en phase de poules. Autant vous dire que, à l’inverse de mon camarade de club, je n’étais pas vraiment en pleine confiance. Par chance, il en faut parfois, je ne tirai ni contre l’un, ni contre l’autre.
Mon quart se déroula relativement bien, j’ai su gérer une petite remontée de la part de mon adversaire pour finalement remporter l’assaut 15/07. De son côté, Christophe gagna son quart de la plus belle des manières : 15/0.
En attendant l’annonce des demi-finales, j’espérais vraiment, mais sans grande conviction, ne pas tomber contre Christophe. A notre grande surprise Christophe tira contre Thierry et, pour ma part, je tirai contre Robert Sellem.
Christophe expédia presque aussi rapidement sa demi-finale que son quart, en gagnant 15/04. Pour avoir suivi l’assaut, je puis dire qu’il ne laissa aucune chance à son adversaire, c’était vraiment du beau travail !
Pour ma part, les choses ne se déroulèrent pas de la même manière. Je fus vite mené 04/01, me retrouvant ainsi à courir au score, chose rarement agréable… Lorsque j’arrivais à égaliser, Robert reprenait une petite avance de 2 touches. Au début rien de trop alarmant, car un assaut d’escrime se remportant en 15 touches et en 9 minutes, cela vous laisse un peu de temps. Mais plus vous vous rapprochez des 15 touches plus la pression augmente. Pour ajouter du piquant à la situation, l’entraineur de Robert le coachait pendant l’assaut. Ceci eu pour effet, dans un premier temps, de m’irriter assez fortement puis l’énervement et la colère se transformèrent en rage de vaincre. Cette réaction épidermique me relança dans le match et me fit revenir au score. Finalement, après un match fort disputé, je remportai ma demi-finale 15/13.
Enfin la finale, la même que lors de l’édition précédente, sans doute avec un goût de revanche pour Christophe.
Au début de l’assaut, je pris une petite avance de 4 touches puis de 5 pour mener 06/01. Christophe fit une belle remontée pour arriver à 7 partout. Puis il passa devant en menant 09/07. Je suis parvenu à revenir à 9 partout mais Christophe menait 11/09 à la pause.
Au retour de la minute de pause, Christophe mit la 12ème touche. Et là, je me suis surpris à penser que nous étions en train de faire un beau match et que si Chris le remportait ça ne serait vraiment pas volé. Seulement, par orgueil, je voulais tout de même passer la barre symbolique des 10 touches. Ce que je fis. Puis je mis la 11ème et repris confiance. L’idée que je pouvais encore gagner naquit dans mon esprit. Elle était confortée par le fait que je n’avais plus qu’une touche de retard. Mais malheureusement Christophe mis la touche suivante, reprenant ainsi 2 longueurs d’avance. Finalement Christophe mena 14/12. Il n’avait plus qu’à mettre la dernière touche pour remporter l’assaut et le titre.
Pour ma part, la tâche était un peut plus ardue. Je n’avais plus le droit à la moindre erreur. Une touche comptant double, par exemple, et tout était perdu.
Lors du retour en garde, au commandement de l’arbitre, je pris Christophe de vitesse en lui bondissant littéralement dessus, marquant ainsi la touche suivante. Ayant repris confiance à la suite de cette action, je décidai de la refaire. Contre toute attente, elle connut le même succès et nous mis à 14 partout. L’heure de vérité était arrivée. Par le passé, je me suis trouvé de nombreuses fois dans cette situation. Mais je n’ai jamais réussi à mettre la dernière touche.
De plus la dernière fois où j’ai vécu cela, c’était contre ce même Christophe, quelques mois plus tôt, lors du tournoi des Joins Villet à Antibes. Ce fut Christophe qui remporta l’assaut en me disant : « je savais ce que tu allais faire ». Ce qui m’étonna fortement vu que je ne le savais pas moi-même. Cette petite réflexion eut le don de me faire bouillir !
Mais cette fois-ci, plus question de me faire avoir de la sorte. Je réfléchis vite à la situation et pensa : « je lui ai mis deux fois la même touche, il va s’attendre à ce que je lui fasse encore la même. Change donc le rythme ». Je suivis mon idée et je partis moins fort. Cette manœuvre surprit un peu Christophe. J’en profitai pour faire « un engager-dégager » (prendre le fer dans un sens puis passer sous la lame de son adversaire et allonger le bras pour toucher) et je mis la touche ! Christophe me toucha à son tour mais trop tard pour que celle-ci compte double.
J’explosai de joie, fis un saut de cabri mon épée vers le ciel alors que Christophe criait, lui aussi, mais pour une autre raison.
Sur le coup, je fus plus heureux de remporter enfin un assaut en partant du score de 14/14 que par le fait d’avoir conservé mon titre de champion de France.

Raphaël Brendlé